Contraintes et opportunités

La culture de l’arachide demeure importante notamment dans le bassin arachidier ou près des trois quarts des exploitations familiales cultivent l’arachide, qui constitue la principale source de revenus monétaires des ruraux. L’arachide occupe en outre une place importante dans le régime alimentaire des familles et ses sous-produits (fanes) sont utilisés pour l’alimentation du bétail.

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Depuis une quinzaine d’années, la filière traverse une crise profonde, qui est déterminée à la fois par les contraintes générales du secteur agricole, par la chute des cours et de la demande au niveau mondial, et par un retrait précipité de l’Etat qui a complètement désorganisé la filière. Les organisations de producteurs n’ont pas été préparées à prendre la relève et ne sont pas parvenues à offrir une alternative aux circuits des collecteurs-transporteurs privés, qui sont défavorables aux producteurs.

La tendance à la baisse de la pluviométrie et la diminution de la fertilité ont entraîné une régression sensible des rendements des cultures dans le bassin arachidier. Jadis entièrement cultivé, le nord de la région se transforme progressivement en zone d’élevage extensif, tandis que le sud fait l’objet d’activités agricoles de moins en moins rémunératrices (notamment arachide).

La baisse des revenus des exploitations familiales a diminué le niveau d’équipements et l’utilisation d’intrants, ce qui a d’autant plus limité leur capacité à sortir de la pauvreté, que la main-d’?uvre familiale tend à baisser. La zone nord est plus particulièrement concernée par l’exode rural des jeunes (vers les villes, notamment Dakar, et l’émigration) et des hommes adultes durant une partie de l’année. Si ces mouvements de population ont en partie permis de pallier la diminution des revenus agricoles, ils n’ont induit aucun processus de transformation dans les systèmes de production dans le bassin arachidier. L’arachide reste encore la principale culture mais les perspectives de la filière industrielle d’exportation sont limitées en raison de la concurrence d’huiles végétales souvent moins chères sur le marché intérieur([Huiles végétales brutes, notamment de soja, importées et raffinées par Suneor dont l’activité est ? protégée ? par l’Etat par des taux de taxes différenciées (droit de douanes de 10 % pour les huiles brutes contre 20 % pour les huiles raffinées aux quelles est également appliquée une taxe de sauvegarde de 25 % et un dispositif de valeur indicative ))] et surtout de la baisse de la compétitivité de l’arachide imputable en grande partie au manque de disponibilité en semences et intrants, à la faible organisation des producteurs ainsi qu’à la vétusté des équipements industriels et à leur sous-utilisation.

La concurrence de la Chine cause aussi de grands contraintes depuis quelques années. La Chine s’est positionnée comme un grand importateur de graines depuis 2014. Les chinois proposent d’acheter les graines d’arachide à un prix plus élevé que celui pratiqué sur le marché sénégalais. Les producteurs, évidemment intéressés vendent alors leur production au détriment des industriels locaux, qui pourtant auront grandement contribué à la production grâce aux prêts, aux semences, au conseil aux producteurs…. Ces derniers, ont souvent des difficultés à s’aligner sur ces prix et se retrouvent dans l’incapacité à s’approvisionner en arachide en quantité suffisante. Ce phénomène s’est accentué en 2016 alors que la récolte chinoise d’arachide avait été mauvaise. Résultat, les huileries locales se sont arrêtées de tourner faute de graines : Sunéor n’a pu collecté aucune tonne et les industriels tels que Copéol, WAO et CIAT n’ont fait guère mieux perdant ainsi plusieurs millions de FCFA. En savoir plus ici

Perspectives

L’arachide de bouche offre des ouvertures intéressantes, avec un marché international qui a augmenté de façon considérable entre les années 80 et 90 avec pour exemple le marché européen qui est passé de 240 000 tonnes à 950 000 tonnes (base coque). Cependant les conditions de production et les exigences du marché (normes aflatoxines) rendent ce marché très difficile à percer pour la production sénégalaise.

Les actions engagées par les OP avec l’appui des partenaires financiers (Fida, UE, Banque mondiale), notamment en appui à la production de semences et à la commercialisation, permettent d’envisager des améliorations des conditions de production et des revenus des producteurs d’arachide. Le développement d’activités de transformation artisanale offre de nouvelles opportunités de revenus et d’alimentation du marché des villes proches et des villages dans les zones de production et nécessite des appuis sur la gestion financière, la qualité, la commercialisation.

Les exploitations familiales cherchent en parallèle à diversifier leurs productions (et donc leurs revenus) en répondant en demande croissante des ménages urbains, des restaurants, réceptifs touristiques de céréales (mil, sorgho, maïs), légumes, fruits (produits frais ou transformés) ou poulet. D’autres spéculations, encore marginales mais bien adaptées aux conditions agroécologiques du bassin arachidier, offrent des débouchés intéressants à l’exportation (marchés conventionnels, et marchés de niche liés aux filières de l’agriculture biologique et du commerce équitable) : par exemple le sésame, la poudre de bouy (ou pain de singe, fruit du baobab) ou l’anacarde (noix de cajou).