Accroissement et diversification de l’offre de produits laitiers au Sénégal : la bataille industrielle du lait en poudre à Dakar et des mini-laiteries à la conquête des marchés des villes secondaires

Communication à l’atelier ? Vers de nouvelles politiques laitières ? (www.repol.info), Bamako, 29 mai ? 2 juin 2005. C. Broutin, V. Duteurtre, A. Tandia, B. Touré, M. François.

Pour cerner l’évolution de l’offre de produits laitiers au Sénégal, une étude a été menée en 2005 afin d’actualiser des données collectées en 2000 dans le cadre d’un travail de diagnostic sectoriel (Broutin et al., 2000). La méthode utilisée a reposé sur l’analyse de la bibliographie disponible, l’exploitation de diagnostics d’entreprises (mini-laiteries) et sur des relevés de produits et de prix dans les circuits de distribution à Dakar.

Les résultats montrent un certain cloisonnement physique ou géographique des marchés avec une tendance à la diversification de l’offre de produits qui s’est poursuivie ces dernières années sur le marché de Dakar. On note en 2005 une grande variété de produits, une grande diversité de marques ou de conditionnements pour un même produit qu’il soit importé ou qu’il soit fabriqué localement à partir de lait en poudre. Cette offre est liée à la croissance des importations et au développement d’un tissu d’industries et de PME/PMI. En 2005, six sociétés reconditionnent le lait en poudre (micro-doses) alors qu’une seule menait cette activité en 2000. Trois nouvelles entreprises transforment le lait en poudre. Sept des huit entreprises de ce secteur ont été créées durant les dix dernières années. Entre 2000 et 2005, trois nouvelles marques de yaourt sont apparus et le lait stérilisé et le lait UHT à partir de lait en poudre ont fait leur apparition sur le marché.. La bataille commerciale que se livrent les importateurs et transformateurs industriels révèle la croissance de la demande et l’enjeu économique du marché dakarois.

La filière locale, caractérisée par une plus faible diversification de l’offre mais par un accroissement du nombre de petites unités de transformation (plus de 40 recensées en 2005 contre une quinzaine en 2000), se développe surtout dans les régions. En raison du cloisonnement des marchés, la production locale et les produits transformés sont partiellement ? protégés ? de la concurrence des importations et des produits industriels à base de lait en poudre relativement peu présents dans les villes secondaires où sont implantées ces mini-laiteries. Cependant, le dynamisme de ce secteur échappe aux décideurs politiques à Dakar du fait de ce confinement sur des marchés secondaires. Ceci explique sans doute la faible prise en compte par l’Etat du rôle des minilaiteries dans la connexion entre production locale péri-urbaine et rurale et marchés de consommation urbains. L’Etat a ainsi privilégié la couverture des besoins des consommateurs urbains, notamment à Dakar, avec des tarifs douaniers particulièrement bas pour la poudre de lait transformée par les industries (taxe de 5% à l’importation), poudre qui bénéficie, de plus, de subventions à la production et à l’exportation dans les pays producteurs.

Les interventions de l’Etat sur la filière locale ont surtout concerné l’appui à l’intensification (notamment par des programmes d’insémination artificielle). Mais les grands projets de l’Etat ne semblent pas avoir eu d’impact significatif alors que les éleveurs et les transformateurs évoquent d’importantes contraintes à lever (santé animale, alimentation, eau, gestion de la qualité, collecte du lait de brousse,?)

Il semble dès lors nécessaire dans l’élaboration des politiques laitières d’examiner la filière de manière plus globale et de favoriser une concertation avec l’ensemble des acteurs des deux sous-filières pour accroître l’impact des décisions politiques, notamment en termes de sécurité alimentaire et de lutte contre la pauvreté en milieu rural.

Documents joints

Accroissement et diversification de l’offre de produits laitiers au Sénégal