Innovations scientifiques dans l’agroalimentaire et les agro-ressources en Afrique : Le partenariat public-privé s’impose comme une solution incontournable

Le premier forum sur les innovations scientifiques dans l’agro-alimentaire et les agro-ressources en Afrique mais aussi sur la promotion de partenariats public-privé se tient à Dakar depuis hier mardi 9 novembre. D’une durée de trois jours (9, 10 et 11 novembre), elle est co-organisée par l’Institut de technologie alimentaire (Ita), la Délégation Wallonie-Bruxelles à Dakar et le Forum permanent de l’Agro-alimentaire (Fpa).

Publié le 9 novembre 2010 arton92

Le menu du 1er Forum africain sur la valorisation des innovations scientifiques et technologiques dans l’agroalimentaire et les agro-ressources est aussi consistant que les mets dont seul l’Institut de technologie alimentaire (ITA) a le secret et l’expertise. Il est question, en effet, durant ces trois journées de montrer comment les innovations technologiques peuvent aider à transformer qualitativement et quantitativement les produits agricoles locaux (fruits, céréales, lait, arachides?). Mais aussi à transformer les déchets agricoles (les agro-ressources) en énergie, certaines plantes en carburant, etc. Pour ce faire, il urge, selon les organisateurs du forum, de favoriser la mise en synergie des chercheurs, universitaires, industriels, Pme, les structures de financement et des décideurs tant sur le plan local qu’international.

Les pays du continent africain regorgent le plus souvent de ressources agricoles en quantité et en qualité mais ils se trouvent presque tous, paradoxalement, dans une situation de grande dépendance alimentaire. Des instituts de recherche comme l’Ita, pour prendre l’exemple du Sénégal, en partenariat avec d’autres institutions étrangères, s’évertuent dans leurs actions quotidiennes, à inverser cette fâcheuse tendance. Toutefois, pour atteindre cet objectif, le Directeur général de l’Ita, le Dr Ababacar Ndoye, juge impératif de mettre en place un véritable partenariat public-privé. A l’en croire, c’est tout le sens d’une telle rencontre. ?Il faut bâtir un partenariat public-privé fort autour de la recherche, des opérateurs, des banquiers, des partenaires au développement et de l’Etat. Tous les pays qui ont fait des avancées significatives dans ce domaine, ont su tisser ce partenariat fort’, martèle le patron de l’Ita.

Mais, outre le rôle de l’agro-industrie dans la lutte pour l’autosuffisance alimentaire, celle-ci, selon le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye qui présidait l’ouverture du forum, ?est un moyen efficace de valoriser mais aussi de lutter contre la pauvreté. Cette transformation permet à des milliers de femmes regroupées dans des groupements d’intérêt économique (Gie) ou dans d’autres associations de gagner leur vie à travers la commercialisation de ces produits transformés. Les expositions dans les stands montrent amplement que l’on peut faire beaucoup de choses avec nos céréales en dehors du couscous, par exemple. Ces initiatives sont à démultiplier dans les différentes régions du Sénégal pour encourager de telles initiatives’.

Rôle d’un partenariat public-privé fort

Plus concrètement, selon le ministre d’Etat Abdoulaye Baldé, en charge des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des Petites et moyennes entreprises, le gouvernement sénégalais a déjà pris toute la mesure de l’enjeu. Ce, en mettant en place un ministère dédié, entre autres, à l’agro-industrie. A l’en croire, cette prise de conscience ?se traduit par une politique de fourniture de moyens. Par exemple, la fourniture de boulangeries aux jeunes, la fourniture de presse à huile aux paysans, mais aussi l’installation de plateaux multifonctionnels, un programme du gouvernement du Sénégal avec l’appui de la coopération indienne mais aussi chinoise’. En outre, ?la Fondation Bill et Melinda Gates nous a surtout permis, aujourd’hui, d’installer 245 plateaux multifonctionnels à travers le pays’. Le programme, poursuit Abdoulaye Baldé, va se poursuivre à travers une politique gouvernementale qui aboutira à installer plus de 1 000 plateformes multifonctionnelles pour la transformation de céréales mais aussi la fourniture d’énergie.

Plaçant la rencontre dans le cadre de la coopération nord-sud, Anne Lange, Déléguée de Wallonie-Bruxelles à Dakar, s’est réjouie de l’exemplarité du partenariat entre l’Ita et Wallonie-Bruxelles. ?L’Ita, le Centre wallon de biologie industrielle (Belgique) et l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, cheminent ensemble, depuis une quinzaine d’années. Ce partenariat a débouché sur la création d’un pôle technologique au sein de l’Ita, se distinguant dans la fabrication-transformation et la commercialisation de produits aussi bien au niveau local qu’international. D’ailleurs, certains sont très prisés sur le marché international. Ce pôle fait partie des fleurons dans son domaine en Afrique et est compétitif sur le plan international’, dit-elle.

Pour la Déléguée de Wallonie-Bruxelles, outre le rôle central que joue l’Ita dans le combat pour la valorisation des produits locaux tant sur le plan local qu’international, ce partenariat est une excellente illustration d’une coopération nord-sud réussie, mieux, d’un partenariat public-privé. En effet, l’Ita englobe, en son sein, un incubateur, c’est-à-dire une pépinière de Pme très actives dans le secteur agro-industriel.

Toujours dans le cadre de ce premier forum africain sur les innovations dans l’agro-alimentaire, des panels regroupant des chercheurs venus de toute l’Afrique, traiteront de différents thèmes tels l’agro-alimentaire et les agro-ressources africaines face à la mondialisation ou le financement, la propriété industrielle dans le secteur.

Amadou O. DIALLO – http://www.walf.sn/economique/suite.php?rub=3&id_art=68695