Miser sur l’agriculture et l’agroalimentaire pour créer de la richesse et des emplois viables

Extrait de la déclaration de politique générale de Mahammed Boun Abdallah Dionne, Premier ministre, le 10 novembre 2014

Publié le 11 novembre 2014 arton131

Nous misons sur l’agriculture et l’agroalimentaire pour donner à notre économie l’impulsion nécessaire pour créer plus de richesses et d’emplois viables. Le premier enjeu est donc de produire plus pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, afin de soustraire notre pays aux crises alimentaires que nous imposent, assez souvent, les aléas climatiques et les perturbations du marché international.

Nous entendons également, produire plus pour réduire le déficit de la balance commerciale alimentée par les importations croissantes de produits alimentaires stratégiques.

Il nous faut aussi produire beaucoup plus dans les filières d’exportations à haute valeur ajoutée, plus rémunératrices et ayant un impact positif important sur notre balance commerciale, telles que l’horticulture.

Pour augmenter significativement la productivité de notre agriculture, nous nous appuierons sur trois principaux leviers : (i) la maîtrise de l’eau par la valorisation des réserves de surfaces et celles souterraines, (ii) la modernisation de l’équipement rural ; (iii) l’utilisation d’intrants de qualité (semences certifiées et engrais) dans des sols régénérés.

A cet effet, nous entendons recourir à diverses stratégies, notamment :

-* le développement d’un réseau d’agropoles de grande et moyenne envergure, de domaines agricoles et de petites exploitations familiales qui bénéficieront d’équipements et d’un meilleur encadrement en termes de conseil agricole, pour augmenter significativement leur niveau de productivité et de production ;
-* une meilleure intégration entre les activités agro-sylvo-pastorales et aquacoles au sein de ces agropoles pour favoriser un développement des chaînes de valeur et une structuration des filières ;
-* la promotion de dispositifs de contractualisation tripartite entre les producteurs formés et organisés en interprofessions ou en coopératives par filière, les institutions de financement et les opérateurs économiques et industriels ;
-* le renforcement de l’intégration entre la chaîne de production et celle de transformation agroalimentaire, pour incorporer davantage de valeur ajoutée à nos produits, aux fins de promouvoir le ? consommer local ? et réduire notre dépendance face aux importations ;
-* un développement plus intensif de l’agro-business pour stimuler les productions céréalières et horticoles, en faisant bénéficier ces spéculations d’investissements massifs et structurants pour bâtir une agriculture exportatrice.

Avec un potentiel de 35 milliards de m3 d’eau de surface et souterraines et plus de 3,8 millions d’ha de terres arables, notre agriculture dispose assurément d’atouts et de conditions favorables pour accroître sa contribution à l’économie.

Elle ne peut plus continuer à dépendre de campagnes réduites à trois mois d’activités, souvent hypothéquées par les aléas de la pluviométrie, avec seulement 3% des terres consacrées aux cultures à haute valeur ajoutée.

Voilà pourquoi, notre ambitieux programme de transfert des excédents d’eau vers les zones sèches, le Ferlo notamment, permettra, avec la revitalisation des vallées mortes, d’offrir de nouvelles opportunités aux activités agro-sylvo-pastorales et aquacoles pendant toute l’année.

Pour accélérer la transformation du secteur agricole, l’Etat s’engage, d’ici 2017, à réaliser un programme de forages agropastoraux, à aménager au moins 90.000 ha de terres, à créer au moins 150 fermes intégrées et 274 fermes villageoises modernes, qui généreront respectivement 28 000 et 60 000 emplois. En matière d’aménagements agricoles, nous comptons valoriser le potentiel de 350.000 ha de terres irriguées dont seulement 130 000 ha sont en cours d’exploitation.

Le programme des Domaines Agricoles Communautaires (DAC) a déjà démarré avec l’exploitation de 3500 ha dans les localités de Séfa, Kédougou, Keur Samba Kane et Keur Momar Sarr. En tant que moyen de promotion de l’Entreprenariat agricole, ce programme sera renforcé avec l’aménagement de 30.000 ha de terres, équipées d’infrastructures structurantes de maîtrise de l’eau, en vue de la création de 120 000 emplois directs.

Ce programme prévoit, à terme, la création de 180 000 nouveaux emplois directs, générés par les activités des futurs entrepreneurs formés au sein des DAC, qui seront accompagnés pour créer 90 000 fermes villageoises.

C’est grâce aux différentes actions, engagées à travers le Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise (PRACAS), les DAC et les divers autres programmes sectoriels, que nous pourrons atteindre, en 2017, l’objectif d’autosuffisance en riz, avec une production de 1 600 000 tonnes de riz paddy, mais aussi de 350 000 tonnes d’oignons, 90 000 tonnes de pommes de terre et 200 000 tonnes de tomate industrielle et exporter, au moins, 157.000 tonnes de fruits et légumes.

Ces initiatives en faveur de l’autosuffisance et de la diversification se traduiront par des impacts significatifs, en termes de réduction de nos importations, pour au moins 250 milliards de FCFA, tandis que les filières d’exportation devraient rapporter plus de 150 milliards de FCFA à l’horizon 2017, ce qui constitue autant de ressources injectées dans notre économie et au profit des producteurs.

La filière arachidière sera réorganisée et l’outil industriel qui lui est associé, restructuré, pour une production stabilisée à, au moins, un million de tonnes par an. L’objectif pour cette filière est également d’améliorer le dispositif de commercialisation sur les marchés local et extérieur pour renforcer la consommation d’huile d’arachide sur le marché local et capitaliser les opportunités pour l’exportation.

A travers le programme de reconstitution du capital semencier qui a mobilisé un budget de 9 milliards de FCFA en 2013 et 2014, il est prévu de mettre, annuellement, à la disposition des producteurs, 6000 tonnes de semences pré-bases d’arachide et des semences certifiées des productions horticoles.

L’équipement du monde rural sera renouvelé avec du matériel agricole moderne. C’est ainsi qu’il sera mis à la disposition des agropasteurs près de 1 400 000 nouvelles unités de matériels comprenant des semoirs, houes, charrues, souleveuses, tracteurs, moissonneuses, batteuses, motoculteurs, décortiqueuses, moulins, presse à huile, rizeries, faucheuses. Ce matériel agricole sera subventionné à hauteur de 70%. La TVA sur le riz local sera également supprimée.

Ces différents leviers, stratégies et moyens d’intervention combinés conduiront à un maillage du territoire en corridors céréaliers et pôles de production arachidiers et horticoles articulés aux potentialités des zones agro écologiques. Afin de mieux soutenir la structuration de toutes ces filières, des infrastructures de stockage et de conservation seront réalisées pour réduire les pertes post-récolte et améliorer la mise en marché des produits. C’est aussi cela le PSE.

Dans le secteur de l’élevage, l’accent sera mis sur la relance des filières de production et de transformation, suivant une approche intégrée favorisant le développement de chaînes de valeurs. Le secteur bénéficiera aussi de meilleures conditions de productivité et de compétitivité, avec le renforcement des infrastructures de transformation, de conservation et de commercialisation ainsi que d’une redynamisation de la filière industrielle.

Toutes les conditions seront réunies pour une structuration des segments industriels et traditionnels des filières lait local, bétail-viande, aviculture, cuirs et peaux, à travers les projets de modernisation des filières animales, d’équipements en matériels agropastoraux et d’appui au développement de l’aviculture familiale, prévus sur la période 2014-2017.Ces programmes mobiliseront une enveloppe de 62,5 milliards de FCFA.

En outre, pour mieux soutenir la modernisation de la filière viande-bétail, un abattoir d’un coût de 22 milliards de FCFA sera également implanté à Diamniadio et le ranch de Dolly sera rénové grâce à une dotation budgétaire de 1,8 milliards de FCFA.

Le discours complet peut être consulté ici