Système de transformation

La production d’arachide est destinée à la trituration industrielle et artisanale d’une part (huile) et aux autres modes de traitement destinés à l’alimentation des populations d’autre part (grillage, broyage).

arton141

Les sous-produits comme les fanes et les tourteaux d’arachide sont utilisées, depuis longtemps, par les populations sénégalaises, rurales en particulier, pour l’embouche ovine à l’échelle familiale (Kandioura Noba et al, 2013) et aussi pour l’alimentation des vaches laitières.

Transformation industrielle

La transformation industrielle de l’arachide est principalement assuré par Suneor (ex. Sonacos) qui a traité en 2007 environ 150 000 tonnes d’arachide pour la production d’huile brute d’arachide, exportée dans sa presque totalité. Parallèlement, la Suneor importe de l’huile végétale brute – de soja ou de colza –, meilleur marché et la raffine pour les besoins du marché local » (Ubifrance 2009). Les autres industries sont la Novasen qui vend de l’huile brute et des tourteaux d’arachide à l’exportation (régime d’entreprise franche d’exportation) et le Complexe Agroindustrielle de Touba (CAI Touba) qui possède une unité de raffinage et d’une unité de fabrications d’aliments pour le bétail.

Ateliers de prestation de services

La transformation artisanale est réalisée le plus souvent en prestation de service dans des petits ateliers artisanaux pour la production de pâte et d’huile d’arachide commercialisés dans les villes secondaires et les marchés ruraux. Toutefois, la présence d’aflatoxine et l’absence de techniques de décontamination accessibles aux artisans entourent la transformation artisanale et ses produits de préoccupations légitimes de santé publique (Kandioura Noba et al, 2013).

Développement de la transformation à petite échelle

La production de l’huile brute a longtemps été combattue par les autorités administratives en mettant en avant les problèmes d’hygiène mais cette interdiction selon la Fongs (Fédération des ONG du Sénégal) avait aussi pour objectif de sécuriser et de protéger la production industrielle, le transfert de stocks d’une région à une autre et leur vente dans les marchés hebdomadaires étant formellement interdits. La pratique de la transformation a pris de l’ampleur avec la libéralisation de la filière agricole et les hausses continues des prix de l’huile raffinée importée.

On note le développement d’activités collectives ou individuelles artisanales menées le plus souvent par des femmes. On peut citer à titre d’exemple les membres des commissions féminines de l’entente des groupements associés de Birkilane (EGABI) et de l’association pour le développement agricole de Kaolack (ADAK) dans le bassin arachidier, au sein de la FONGS.

Les deux associations utilisent les groupements comme porte d’entrée pour atteindre et soutenir les activités individuelles des femmes. Par exemple, elles octroient des crédits aux organisations villageoises qui, à leur tour, rétrocèdent les prêts aux femmes membres. Ces organisations considèrent que les activités de transformation et de commercialisation des produits agricoles donnent aux femmes la possibilité de jouer un rôle économique en zone de terroir, leur action contribue à dynamiser et à réguler aussi fortement les marchés locaux.

L’augmentation de la demande en huile brute en zone rurale et dans les centres urbains, comme Mbour et Dakar, a donné une impulsion nouvelle à la transformation artisanale de l’arachide. La production de l’huile est passée de simple activité d’appoint au statut d’activité économique formelle. La transformation de l’arachide en huile brute et pâte est une activité individuelle des femmes, parfois aidée par leurs enfants. Les hommes n’interviennent que dans le décorticage mécanique des arachides, et dans la commercialisation de l’huile. Le décorticage manuel de l’arachide est fait au sein des ménages par les femmes et les enfants.

Pour répondre à la demande croissante, des opératrices ont renforcé leur capacité d’intervention, soit par renouvellement du parc matériel, avec acquisition de nouvelles presses, soit en augmentant le volume de main-d’oeuvre, y compris extra familiale.

Avec l’essor du sous-secteur et l’augmentation de la production, les femmes ont commencé à étendre leur activité et investir le segment du décorticage mécanique. Leur intervention devient plus intégrée, ce qui leur permet de disposer de revenus supplémentaires et de faire des économies d’échelle. Cette démarche nouvelle leur offre la possibilité aussi de récupérer la coque d’arachide revendue comme aliment de bétail.

Un appui est fourni à ces femmes transformatrices dans le cadre du projet d’appui aux activités économiques des femmes (PAPEF) mené par la Fongs et le Gret sur financement de l’union européenne. Le diagnostic réalisé avec EGABI et ADAK ont permis d’identifier trois types d’unités

  • Les petites exploitations qui traitent en moyenne 200 kg par semaine. La production est destinée en priorité à couvrir les besoins du ménage ; une bonne partie de la production d’huile et de pâte d’arachide est autoconsommée.
  • Les exploitations moyennes : elles traitent jusqu’à 350 kg d’arachide coque par semaine, soit 14 tonnes coque ou 9.4 tonnes de graines dans l’année. La production est commercialisée.
  • Les grandes exploitations : elles traitent en moyenne 2000 kg par semaine ; avec des pics à 5000 kg pour certaines.

L’activité de transformation est presque continue sur l’année. Les unités disposent de 2 à 3 presses et utilisent de la main d’oeuvre extra familiale en appoint à la main d’oeuvre familiale. Le nombre de grandes exploitations augmente de manière régulière, en raison de l’augmentation de la demande. Ces unités souhaitent se moderniser, certaines ont réhabilité les presses, d’autres utilisent des presses d’origine chinoise ou indienne.