Sonacos et campagne arachidière 2016/2017

En pleine restructuration depuis sa renationalisation en octobre 2015, la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos) fait face à sa première campagne de commercialisation de l’arachide. Une série de mesures ont été prises pour accompagner sa restructuration.

Publié le 7 décembre 2016

Le principal huilier du Sénégal, aujourd’hui en pleine restructuration, a démarré sa première campagne de commercialisation depuis sa renationalisation en octobre 2015. Selon une source interne interrogée par Jeune Afrique, Sonacos (ex-SUNEOR) cherche à acheter durant cette campagne pas moins de 200 000 tonnes de graines d’arachide. Pour ce faire, il est en train de procéder à une refonte totale de son mode d’approvisionnement dans le cadre de son plan de relance.

Lors de la campagne 2015-2016, la présence remarquée de négociants chinois avait fini par occasionner de sérieux problèmes d’approvisionnement pour l’ensemble du secteur. Poussés au Sénégal par une succession de mauvaises récoltes, ils achetaient alors massivement les récoltes des producteurs locaux jusqu’à 250 francs CFA le kg (0,38 euro), bien au-delà du prix officiellement fixé, à 200 francs CFA.

La Sonacos en avait fait les frais. Elle n’avait pu collecter que 7 000 tonnes de graines sur une capacité de trituration de 350 000 tonnes. Ses concurrents n’avaient pu mieux faire. Ainsi Copéol, co-entreprise française née de l’association entre Avril et Castel, et deuxième transformateur du pays, n’avait transformé que 19 000 tonnes pour une capacité de 100 000 tonnes environ, l’américain West African Oils (WAO), 7 000 tonnes pour une capacité de 80 000, et zéro pour le Complexe agro-industriel de Touba (CAIT).

Malgré la situation, des quotas d’approvisionnement n’ont toujours pas été institués pour les industriels locaux. En attendant, les premières livraisons ont démarré. « Le financement est en place, on espère que cette fois-ci, la campagne se passera bien, espère Samuel Ndour, secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des industries des corps gras. Nos usines sont ouvertes et les premiers camions de graines d’arachide arrivent ».

Sortie de crise

Dans le même temps, la restructuration de la Sonacos, sur fond de désorganisation de la filière, est en marche. D’après des informations obtenues par Jeune Afrique, plusieurs banques de la place dakaroise contactées ont accepté de soutenir un plan de sortie de crise. Les activités de trituration ont repris chez l’huilier. Celles de raffinage, qui lui sont complémentaires, sont en bonne voie, tout comme la fabrication d’aliments pour le bétail à l’usine de Diourbel, à 150 kilomètres à l’est de Dakar.

Le prix au producteur du kilogramme d’arachide est fixé, lors de cette campagne lancée la semaine dernière, à 210 francs CFA, contre 200 francs CFA lors de l’édition précédente. La décision a été validée le 28 novembre dernier à Dakar au cours d’un conseil interministériel conduit par Pape Abdoulaye Seck, le ministre sénégalais de l’Agriculture et de l’Équipement rural.

Une batterie de mesures a également été annoncée  pour un bon déroulement de cette campagne : mise en place d’un fonds de commercialisation de 11 milliards de francs CFA destinés à l’achat de 55 000 tonnes de semences certifiées, subvention de 20 000 F CFA de semences écrémées, et instauration d’une taxe de 40 F CFA sur les exportations de l’arachide décortiquée et de 15 F CFA sur celle en coque.

« Les fonds ainsi collectés, explique Pape Abdoulaye Seck, seront reversés dans la filière arachide pour la rendre plus compétitive ». Plus d’un million de tonnes de graines ont été récoltées l’année dernière, d’après les statistiques du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural.

Source : jeuneafrique