Lutte régionale contre la mouche des mangues

L’Union européenne, l’Agence française de développement, la Cedeao et l’Uemoa appuient la lutte contre la mouche des fruits, particulièrement la mouche qui affecte la mangue. Ces institutions en rapport avec 8 pays dont le Sénégal ont lancé hier à Dakar un plan régional de lutte et de contrôle des mouches des fruits en Afrique de l’Ouest. Il vise l’amélioration des revenus des producteurs de fruits et de légumes, particulièrement de la mangue. Le coût du projet est de 15 milliards 400 millions de francs Cfa et est cofinancé par l’Union européenne, l’Afd, la Cedeao et les Etats bénéficiaires.

Publié le 4 mars 2016

Les 8 pays membres de l’Union économie et monétaire ouest-africaine veulent lutter durablement contre la mouche des fruits qui menace la production horticole. Cette coalition composée du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte-d’Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Mali et le Sénégal appuyée par des institutions régionales comme la Cedeao et l’Uemoa, mais aussi l’Union européenne et l’Afd, a lancé un projet de lutte contre cette mouche. Ce projet est opérationnel puisque annonce la directrice de l’Agence française de développement (Afd), la presque totalité des marchés planifiés pour sa mise en œuvre au niveau régional a fait l’objet d’un appel d’offre et une chaîne de marchés ont déjà été attribués. D’un coût global de 15 milliards 400 millions de francs Cfa, ce projet est financé par l’Union européenne à hauteur de 17 millions d’euros, l’Afd 1,5 million d’euros, la Cedeao et les Etats bénéficiaires, 5 millions d’euros. L’objectif est l’amélioration des revenus des producteurs de mangues et l’augmentation du volume des exportations dans l’Union européenne et une contribution à la sécurité alimentaire.

En 2014, 112 interceptions de mangues infectées proviennent d’Afrique

La mise en œuvre de ce projet est une étape importante. Car relève Salifou Ousseini, directeur exécutif de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation de la Cedeao, le constat est amer. Depuis la découverte en Afrique de l’Ouest en 2005 d’une nouvelle espèce envahissante de mouche des fruits exotiques, les interceptions et les destructions de mangues qui arrivent dans l’Union européenne se multiplient. «Beaucoup de containers de mangues destinés à l’exportation sont brûlés aux frontières de l’Union européenne, parce que la mangue ouest-africaine est infectée par les mouches des fruits», regrette Salifou Ousseini. Rien qu’en 2014, évoque toujours Salifou Ousseini, il y a eu 112 interceptions de mangues infectées provenant d’Afrique. Le représentant du ministre de l’Agriculture sénégalais, Modou Mbodj ajoute les chiffres de 2015. «Sur les 72 interceptions de mangues venant des pays d’Acp, impropres à la consommation du point de vue des normes européennes, les 52 venaient de l’espace africain.» Des pertes inestimables pour les exportateurs de mangues, mais surtout pour les petits producteurs.
La directrice de l’Afd estimant la valeur des exportations de la mangue en Afrique de l’Ouest qui selon elle, totalise le tiers, évalue la valeur des exportations de cette mangue à plus de 6 milliards de francs Cfa. Ce n’est pas tout. Ces pays producteurs courent le risque de perdre le marché international. «De plus en plus, une méfiance commence à s’installer dans les pays importateurs de la mangue africaine», confie le représentant du ministre de la l’Agriculture. C’est pour cette raison que Marc Boucey représentant l’Ue appelle les pays concernés à monter vite les Comités nationaux chargés de mettre en œuvre le contrôle et la lutte au niveau national sous la coordination régionale de la Cedeao, afin d’accélérer le rythme dans la mise en œuvre du projet pour utiliser pleinement des ressources mises à leur disposition. «La réponse doit être concertée et coordonnée pour débarrasser la région de cette mouche très nuisible», soutient le représentant de l’Ue.
Il faut rappeler que le secteur de production agricole de l’Afrique de l’Ouest contribue à l’équilibre alimentaire de millions de consommateurs. Il est aussi, selon les acteurs, une source importante de création de devises et d’emplois. Les producteurs utilisent une main d’œuvre dans la cueillette, le tri et le conditionnement par conséquent une menace sur les exportations affecterait des efforts consentis. La mangue occupe une place importante puisque, rappelle Mody Mbodj, de 1998 à 2012, les exportations de la mangue sénégalaise sont passées de 800 tonnes à environs 16 mille tonnes.

 

Source : lequotidien